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KAPALABHATI-BASTRIKA PRANAYAMA
et Yoga de l’Énergie
Point de vue, présentation
Ces respirations, décrites notamment dans Hatha-Yoga-Pradîpikâ, appartiennent au chapitre du prânâyâma.
Dans la pratique du yoga, et dans celle du Yoga de l’Énergie, le prânâyâma occupe une très grande place. C’est une pratique constante.
Différencions : manière et art de respirer, ou prânâyâma et prâna-âyama.
Distinction admise par de nombreux auteurs. Le prânâyâma est un tout, et n’aurait pas besoin d’être autant différencié. Ceci correspond cependant à une réalité.
Pour rappel : trois corps, physique, subtil, causal.
Trois corps :
1) Corps de nourriture : sthîla Sharira
® annamayakosha- corps de nourriture, « corps né d’un père et d’une mère »
2) Corps subtil : shukmasharira,
contenant trois koshas
® prânamayakosha – corps de l’énergie
® manomayakosha – corps du mental
® vijnânamayakosha – corps spirituel
3) Corps causal : linga sharira
® ânandamayakosha – corps causal
Le corps physique, seul tangible, est perceptible par les organes des sens et leurs fonctions sensorielles ou indriyas, lesquels permettent l’appréhension du corps subtil.
Le corps subtil (composé de ses trois koshas) est le « lieu » de passage et résulte de l’échange, entre les deux autres koshas, nourriture, annamayakosha et causal ânandamayakosha. Le corps subtil est la manifestation de la vie, autrement le corps serait inanimé. Tout comme est inanimé le corps causal, mais dans une immobilité opposée, inanimé parce que pas encore en dualité. L’un contient tout en potentialité (causal), l’autre, corps physique, ne contient plus rien en potentialité, il est en dissolution appelée pralaya.
Chacun de ces trois « véhicules », ou sharîra, est donc composé de plans subtils différents.
Pour le corps subtil, trois koshas. Chacun de ces koshas étant polarisé.
Exemple
Dans le corps physique, les organes ont une « hiérarchie » de fonctionnement relative. Mais dès que l’on parle de fonctionnement on considère que l’énergie est là, sinon il n’y pas de fonctionnement.
Dans le corps de l’Énergie, c’est la même chose. Ce prânamayakosha (P M K) a une double polarité, lunaire et solaire, à dominante différente chez l’homme (solaire) et la femme (lunaire).
L’énergie qui circule dans les nādīs n’est ni égale, ni régulière. Elle peut être d’autre part plus ou moins lunaire ou solaire.
Dans le corps causal, l’énergie n’est pas manifestée, elle est en potentialité (équivalent de « brahman », tout ce qui « est » avant la manifestation), c’est une théorie, mais sur un plan analogique ceci est acceptable.
Au plan de anamayakosha, la différenciation n’est plus de deux, mais multiple. Jusqu’à une « désintégration » le jour de la mort, qui est une mutation, et en même temps un retour.
Alors que le corps causal reste identique après ce pralaya. C’est lui qui continue, ou si on veut, qui renaît. Nous sommes loin des « mémoires de vies antérieures », exprimées d’une façon physique, ou encore mentale, ce qui est la même chose.
Le P.M.K. assure la vie du corps physique, en étant le lieu de passage entre le manomayakosha (M.M.K) et le kosha corporel.
Ce P.M.K est bipolarisé. Ce qui permet à l’énergie d’être en mouvement.
Si nous pouvons penser qu’il est nécessaire de « purifier » le corps physique, nous devons penser qu’il est également nécessaire de purifier le P.M.K. Toutes les techniques de souffle décrites dans les textes, pratiquées dans les multiples lignées, visent cette purification. Elles peuvent donc passer par des pratiques très physiques (ex: lavage du nez), des techniques médicales (pourquoi pas) et de nombreux exercices. Toutes les pratiques physiques du Hatha-Yoga peuvent être considérées comme étant des purifications.
Des purifications peuvent être également appliquées au P.M.K et au M.M.K. On retrouve les mêmes principes, postures et enchaînements agissent dans ce sens, s’y ajoutent les techniques de prāna-āyama.
N’importe quel prānāyāma, n’importe quel prâna-âyama passe obligoitoirement par le corps de nourriture, d’une façon plus ou moins intense, plus ou moins physique, plus ou moins subtile. Tout est dans tout, comme dans le schéma du TAO.
Un temps d’inspiration, un temps de changement, un temps d’expiration, un temps de changement, etc.
Partant du schéma habituel, il est possible d’avoir des réponses à la question débattue.
Le corps physique régule ses fonctions à l’aide de la respiration (il a d’autres moyens, mais c’est la première fonction à réagir). Chaque émotion, qu’elle soit due à un évènement extérieur, ou intérieur, modifie la respiration jusqu’à avoir « le souffle coupé ».
Nous sommes dans une certaine ambiguïté car ces réactions sont le fait du P.M.K.
Le P.M.K dispose donc de la respiration pour réguler son énergie, mais c’est l’aspect energétique subtil, et celui du souffle, qui est une purification, avec le prāna-āyama.
Toutes les traditions placent le souffle en tête de leur enseignement. Pour l’Inde et le Yoga (sâmkhya, et tantrisme) la vie de l’univers est une grande respiration, de Brahma, une inspiration conduisant à la manifestation. L’inspiration est le premier acte que fait l’enfant naissant. L’expiration conduit à une dissolution, fin de manifestation par absence d’inspiration. C’est le « grand pralaya », disssolution, fin de manifestation, passage à un autre monde, une autre dimension. Tout ceci souligne l’importance de différencier prānāyāma de prāna-āyama.
Nous ne pouvons pas dissocier, sauf pour l’explication et l’apprentissage, le corps physique, et le P.M.K.
Exemple :
Dans les mouvements préliminaires, qui sont des kriyâs,
a) Le corps physique est assoupli, régulé dans ses mouvements. Nous améliorons la coordination de l’ensemble, nous agissons plus ou moins sur les organes.
b) Nous mobilisons également l’énergie. Nous nous adressons donc au P.M.K de toute façon le corps physique ne peut pas fonctionner autrement. Les respirations deviennent polarisées, les mûdras favorisent les mouvement de l’énergie, etc.
c) Tous les aspects connus de ces mouvements s’adressent à la fois au corps physique (manière de respirer) et au corps de l’énergie (art de respirer).
d) Ils s’adressent également au M.M.K, quand nous ajoutons les mouvements liés, portés par le souffle, par la concentration, etc.
Il faut saisir la particularité des respirations totalement subtiles, conscientes, et presque au-delà d’un mouvement physique.
Plus nous voulons atteindre l’énergie, Prāna, donc le subtil, plus nous devons affiner ces respirations, jusqu’à la sensation de ne plus avoir de respiration. On retrouve le même principe dans les pratiques chinoises.
Revenons à la question.
BHASTRIKA-KAPALABHATI
Ceci nécessite quelques définitions empruntées aux ouvrages habituels.
I Hatha-Yoga-Pradîpikā
Il existe, en français deux traductions.
a) Tara Michaël est la traductrice la plus connue. Cette traduction est réalisée depuis le sanskrit, sans doute est-elle juste. Je ne suis pas spécialiste du sanskrit !
Les commentaires qu’elle donne sont fait par rapport à la tradition indienne qu’elle connaît bien. Elle est sanskritiste reconnue.
b) Swami Satyananda a traduit en anglais, Hatha-Yoga-Pradîpikā, traduit ensuite en français.
On remarque à la lecture des deux textes, une différence, mais ceci vaut pour toutes les traductions de textes. (Ex. : B. Gîta, ou encore aphorismes de Patanjali).
La traduction et le commentaire de Satyananda vise une application pratique. Satyananda enseignait le yoga. Ses commentaires, simples, quand ils s’appuient sur la physiologie sont justes.
II Ghéranda Samhitâ
Cet autre texte donne une description simple et claire de Bhastrikā et de Kapālabāhti.
III Souffle respiration, et lavage alvéolaires (consulter le cours « Respiration).
Les soufflets respiratoires sont utilisés par les apnéïstes afin d’améliorer la durée de leurs séjours prolongés sous l’eau.
COMMENTAIRES
L’ensemble des deux techniques s’adresse au corps physique. Mais tout ce qui est mis en pratique physiquement à une répercussion sur le corps de l’énergie, et inversement.
Ceci se vérifie dans sa pratique, ou encore dans l’observation de la naissance des maladies, soit depuis la structure pour évoluer vers la fonction ou inversement de la fonction vers la structure. Du physique vers le subtil, du subtil vers le physique.
Dans le Yoga de l’Energie, nous nous adressons au P.M.K.
C’est la principale raison pour laquelle nous pratiquons peu ces prānāyāmas physiques y compris les autres respirations « manuelles »). Nous cherchons à recentrer l’élève (ce qui n’est pas incompatible avec ces respirations), mais nous cherchons surtout à harmoniser les flux d’énergie. L’aspect subtil, art de respirer, prāna-āyama seul le permet. C’est une ouverture à la méditation.
CONCLUSION
À ces deux respirations peuvent s’ajouter : les respirations ujjāyi ; les respirations alternées en utilisant les doigts pour obstruer les narines ; etc.
Ujjāyi, par exemple, permet au torse d’assurer un appui stable aux membres quand ils sont mobilisés pour une pratique plus physique. La respiration est physique, glottique, elle modifie les pressions alvéolaires, c’est une manière de respirer intéressante.
Ujjāyi est considéré par certains auteurs comme agissant sur vishudhachakra. Sans doute, mais avec un prāna moins subtil. Alors que le chakra est caracréristique de ākāsha, le plus subtil des tattvas, il est particulièrement sensible aux pratiques subtiles.
Le déclenchement d’une crise de spasmophilie, même si elle n’est que partielle, est toujours une mauvaise expérience qui ne conduit nulle part. Elle peut être déclenchée par ces respirations si elles ne sont pas bien exécutées. (exemple récent : un professeur de yoga les fait pratiquer debout !).
A l’inverse, la respiration peut diminuer et devenir presque absente, par exemple au cours d’une asssise mal préparée. Il peut s’en suivre une hypoxie avec malaise pouvant conduire à une perte de connaissance. Ce sera de brève durée mais pas une réalisation spirituelle. Une très mauvaise expérience.
Cette question est essentielle. Elle aborde le prānāyāma, sous ses divers aspects.
Prānā āyama, pratiqué progressivement, est accessible à tous, quel que soit l’état de santé. Avec la certitude d’aboutir à « quelque chose ». Toutefois l’adolescence doit être passée. En ce qui concerne les enfants, il sera intéressant de revenir sur ce chapitre, avec les points de vue physique, et énergétique (tenant compte de la physiologie de la croissance, et des endocrines)
Ahimsa, ne pas nuire reste notre règle de base